Un instrument aux racines marquisiennes
Rédaction : Maeva LAUTRET
Un instrument aux racines marquisiennes
Le vivo, ou pu ihu aux Marquises, est une flûte nasale traditionnelle de Polynésie façonnée en bambou. Long de 20 à 40 cm, il comporte une encoche pour le souffle et deux à trois trous de jeu, qui suffisent à produire une tessiture à la fois sobre et expressive. Des variantes existent, témoignant de la diffusion de cet instrument à travers tout le triangle polynésien .
Une fabrication au cœur des métiers d’art
À l’occasion de son diplôme au centre des métiers d’art, Keanu s’est plongé dans la confection du vivo.
- Choix du matériau : on sélectionne un bambou de section régulière ; sa longueur détermine la hauteur du registre (court = aigu, long = grave).
- Découpe et équilibrage : après avoir fermé l’une des extrémités, on pratique l’encoche d’embouchure et on calibre la chambre interne.
- Perçage des trous : traditionnellement 2 à 3, ils peuvent aller jusqu’à 7 ou 8 pour accroître la liberté mélodique .
- Pyrogravure décorative : motifs géométriques ou symboliques, rappelant la spiritualité polynésienne.
Chaque étape requiert rigueur et patience ; le geste de l’artisan influe directement sur la justesse et la richesse du timbre.


La technique nasale et le mana
Le vivo se joue en oblique, une narine bouchée, l’autre soufflant dans l’encoche. Cette particulière « respiration nasale » limite le doigté et confère à l’instrument une sonorité intime, presque chuchotée.
Keanu raconte, « On peut ressentir un frisson ; le mana. »
De la tradition à la scène contemporaine
Historiquement joué lors de solos pastoraux, ou de cérémonies sacrées, le vivo connaît un renouveau.
- Festivals culturels : ateliers d’initiation, démonstrations et « jams » de musiques polynésiennes.
- Collaborations modernes : fusion avec des percussions, des chants contemporains ou des textures électroniques.
- Recherche et enseignement : le centre des métiers et des arts propose aujourd’hui des modules dédiés.
Pour faire vivre le souffle : un appel aux nouveaux souffleurs
Le vivo reste méconnu hors de la Polynésie, pour contribuer à sa transmission, tu peux
- Participer à un atelier de fabrication (roseau, perçage, pyrogravure).
- Apprendre la respiration nasale et l’interprétation des premiers airs.
- Partager tes expériences et créations, sur scène ou en ligne, pour enrichir la communauté vivo.
Ouvre une narine, souffle dans l’autre… et laisse toi traverser par un souffle ancestral, vecteur de mémoire et de renouveau.